La recherche pré-compétitive au service de l’innovation RLF de Janvier/Février 2018

La journée de l’IESIEL organisée à la maison du lait le 6 décembre dernier, en partenariat avec la RLF, a attiré plus de 150 personnes autour de sujets qui font  consensus : la recherche et l’innovation.

Le président de la journée, Christophe Latron (Lactalis), et Luc Castillo (Sodiaal) ont débattu avec la salle sur la recherche précompétitive. Ils sont tous les deux très impliqués dans BBA et dans le projet Profil. – © M. Roche

Une étude récente menée par Opinion Way auprès de 1 059 personnes montre que les Français, des plus âgés aux plus jeunes, sont très favorables à la recherche. Le rôle du chercheur est également bien vu dans notre société pour son sérieux et pour les portes qu’il ouvre vers l’innovation, la création d’emploi, la croissance économique. C’est en citant cette étude que Christophe Latron, directeur recherche et développement du groupe Lactalis et président de l’événement, a introduit les travaux de la 54e journée de l’Iesiel. La matinée était consacrée à la recherche collective, son organisation et son financement. Jean-Charles Cavitte, de la Commission européenne, a ouvert les débats en présentant la politique de l’Union européenne en la matière. La complexité des dispositifs n’a échappé à personne. S’il s’est attardé sur H2020, il a également cité les nombreuses possibilités qui s’offrent aux acteurs du lait et notamment aux PME. « La Commission européenne a fait évoluer son regard sur la recherche. Sa sélection se porte sur des projets qui visent la résolution de problèmes socié- taux et qui peuvent se traduire par des impacts économiques démontrables. L’implication du secteur privé, notamment des PME, est vue d’un bon œil ainsi que l’internationalisation et les projets collaboratifs », a-til résumé. Jean-Charles Cavitte a déroulé rapidement divers exemples de projets en cours de réalisation avec des financements européens, soulignant que la France « profite peu des moyens et des outils européens dédiés à la recherche dans l’agro/agri et à l’alimentaire ». Si d’aucuns le regrettent, les voix s’accordent pour pointer du doigt la difficulté de l’appropriation des dispositifs européens. Heureusement, ceci n’empêche pas le secteur laitier français de disposer d’une recherche collective de pointe, comme l’ont montré les intervenants qui se sont succédé à la tribune.

LE CNIEL EN PARTENARIAT AVEC DES ACTEURS PUBLICS ET PRIVÉS

Le Cniel affecte ainsi près de 3 millions d’euros par an à la recherche dans le domaine laitier sur cinq thématiques : nutrition, sécurité sanitaire, technologie, environnement et techniques d’élevage. Il est en partenariat avec l’Idele et Actalia ainsi que cinquante acteurs publics et privés. Grâce aux fonds publics que l’interprofession mobilise, ce budget se trouve presque multiplié par trois. « De 2012 à 2016, le Cniel a dépensé 14,7 millions d’euros pour la recherche. Ayant bénéficié d’un effet de levier de 38 millions d’euros (CE, ANR, ANRT, CIR, Ademe, Agences de l’eau, fonds Casdar et FAM), l’accompagnement global se chiffre à 53 millions d’euros », a précisé Thierry Geslain, directeur des affaires scientifiques et techniques du Cniel.

Yves Le loir, directeur de l’UMR STLO – Inra Agrocampus Ouest, s’est attardé sur un exemple de synergie public/privé édifiant né avec le projet Profil : la Milk Valley, qui rassemble les compétences en recherche du STLO, le Lubem, les universités de Rennes et du Mans, CIRM-BIA et bia à Nantes. Le concept bénéficie de la force de frappe de la région Bretagne mais aussi de celle de BBA qui réunit les plus grandes entreprises laitières françaises. Ce pari est gagné. Les premiers résultats de Profil après trois ans de recherche sont prometteurs (lire La Revue Laitière Française, n° 777, p. 32-33). « Pour certains travaux, nous sommes déjà au stade de pilote », a ajouté Luc Castillo, l’actuel président de BBA et directeur recherche et développement branche fromage de Sodiaal. Il s’est félicité du travail accompli et des emplois offerts aux thésards mobilisés sur les différentes thématiques. Yves Le Loir a annoncé un nouveau projet de recherche dans le cadre de la Milk Valley : Prolific, pour PROduits Laitiers et Ingrédients Fermentés Innovants. Deux nouvelles structures se joignent à la Milk Valley pour le conduire à bien. Il s’agit de l’Inserm de Nantes et de LINA-Combi.

DÉVELOPPER DES PROJETS COLLABORATIFS

Enfin, à la question : tous ces dispositifs répondent-ils aux besoins des entreprises ? « Il faut d’abord avoir un sujet de recherche pour aller chercher l’argent », s’est exclamé Luc Castillo, invitant les intéressés à réfléchir ensemble pour monter des projets et avoir ainsi accès aux financements, qu’ils soient européens, nationaux ou régionaux. « La R&D en France mobilise 1 % du chiffre d’affaires des entreprises. Et les PME ont du mal à entrer dans des projets se situant dans un budget entre 500 et 1 million d’euros .                       D’où l’intérêt de développer des projets collaboratifs ou participer à des consortiums »,   a conclu Christophe Latron.

Rita LEMOINE – Rédactrice en Chef de la RLF.

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